DRH Manager de transition en temps de crise

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Interview de Dominique Lasalle, un DRH Manager de transition chez RH Solutions Toulouse. Réalisé durant la période de confinement mars-juin 2020. (Merci à Dominique, qui a pris sur son temps pour partager cette expérience utile).

Dominique, si vous deviez faire votre « pitch »  ?

DL //

Une fonction particulière pour ce qui me concerne, puisque j’interviens en tant que DRH d’une PME multi sites, dans une fonction à la fois classique de Direction des Ressources Humaines et des Relations Sociales, mais sous un statut plus « délicat » au plan juridique, notamment de représentativité et de légitimité vis-à-vis de certains corps sociaux ou l’Administration.

Mais également une fonction / mission de coach et conseiller privilégié des Dirigeants (actionnaires compris) de cette société, dans des domaines relevant de la stratégie ou plus intimement de positionnement personnel du Dirigeant face à certaines situations.

En substance, un métier riche au plan relationnel et varié dans son contexte d’exercice.

En revanche, une impérative nécessité de souplesse d’esprit et d’adaptabilité, notamment au regard des subtilités et complications de perception du statut par des publics peu encore rôdés à cette forme d’activité hybride.

Les deux clés principales pour bien vivre sa mission (dans mon cas du moins) :

Savoir garder sa distance (statut externe) vis-à-vis de la société, tout en s’y impliquant comme membre à part entière de cette Organisation (figurant sur l’organigramme). Un exercice parfois périlleux au plan personnel et qu’il faut savoir gérer intellectuellement et psychologiquement.

Une organisation sans failles, avec des relais fiables au sein de l’Organisation chez le client et une gestion du temps raisonnée si l’on ne veut pas se faire déborder et dépasser le seuil critique de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Une tentation à refreiner, en particulier pour le donneur d’ordre. Il faut donc dès le début fixer le cadre et les limites (pour les deux parties).

 

Quels sont pour vous les avantages et inconvénients du travailleur indépendant ?

DL //

Les avantages :

•    L’indépendance justement, comme son statut l’indique et c’est une certitude pratique.

Le consultant est dans une relation de partenariat (client / fournisseur ou conseil), la relation hiérarchique, en particulier quand la fonction ou la mission relève d’une fonction à part entière de l’entreprise n’a aucune comparaison avec celle d’un salarié dans la même fonction.

La relation est plus fluide et moins contrainte pour les deux parties.

•    La liberté d’organisation et de gestion du temps, sans avoir à s’en expliquer ou d’en demander l’autorisation, sinon à soi-même et bien sûr d’en impacter les éventuels effets sur la facturation.

•    Dans le même ordre d’idée, la liberté de pensée et d’expression. Le consultant étant perçu, par définition comme un allié objectif dont on acceptera la critique et les conseils avec bienveillance, voire appétence.

•    L’indépendance salariale également, puisque le consultant définit lui-même le niveau de rémunération qu’il souhaite obtenir, y compris une certaine aptitude à décider de sa revalorisation éventuelle dans le temps.

Evidemment, cela relève et dépend de la négociation initiale du contrat de prestations et de la confiance qui s’établit entre les parties.

Les inconvénients :

•    Les limites imposées par ce statut dans certains types de mission (management de transition par exemple), avec toutes les contraintes, notamment réglementaires qu’elles impliquent.

•    Le risque d’isolement lorsqu’on ne dispose pas d’une structure support adaptée et accessible (RH Solutions est sur ce point particulièrement efficace et apporte des solutions originales et souples, ce n’est pas le cas de toutes les structures de portage ! … et je ne suis pas commissionné 😉

•    Le risque inter-missions, à savoir la période qui peut potentiellement s’écouler entre deux missions avec toutes ses conséquences psychologiques et matérielles, mais au final pas plus qu’une période de chômage… Tout dépend bien sûr du type d’activité et de la durée des missions de l’indépendant, et de fait de leur nécessaire multiplicité pour maintenir un niveau d’activité suffisant.

RH S. : Avec le confinement, comment réussissez-vous à poursuivre votre activité  ?

DL //

J’ai la chance d’être dans un métier s’inscrivant dans la durée, qui plus est à fortiori dans un contexte comme celui-ci, où ma fonction est essentielle au fonctionnement et à la continuité de l’activité.
De fait, je l’exerce, certes en télétravail, mais de la même façon qu’avant le confinement. La relation et les outils de celle-ci sont certes différents, mais demeurent et sont de qualité. C’est juste une façon de travailler différente nécessitant d’autant plus de souplesse et d’organisation.

Cela implique de développer des stratégies pour le maintien du lien et le suivi de l’activité, par la multiplication des échanges par d’autres moyens que ceux utilisés d’ordinaire (conférences audio ou vidéo, web-conférences, messagerie surmultipliée, contacts téléphoniques plus fréquents, …).

Une inventivité permanente et une réactivité encore plus poussée sont les clés de ce fonctionnement particulier. Sans toutefois, et justement plus encore dans ces circonstances, négliger les moments de convivialité en forçant le trait au besoin, pour maintenir un niveau de motivation et d’enthousiasme communicatif.

L’avantage de ce mode de travail (bien qu’il soit familier aux consultants expérimentés dans des proportions habituelles moins étendues), c’est la limitation des déplacements, surtout, comme c’est mon cas, lorsque ceux-ci se comptent d’ordinaire en dizaines de milliers de kilomètres par an. J’avoue néanmoins, au-delà du bénéfice physique (fatigue, temps, coût), que cela peut venir à manquer.

RH S. : Quel conseil donneriez-vous pour rester efficace, malgré la distance ?

D.L. :

•    Conserver son rythme (essentiel !).
•    Maintenir les rituels, voire en créer d’autres adaptés à la circonstance.
•    Organiser son espace de travail en préservant la séparation « activité professionnelle » / « vie privée ». L’espace doit être fonctionnel et exempt de toutes perturbations ou tentations (pas toujours simple avec un entourage familial également concerné par le confinement).
•    Créer un environnement propre au confort (musique d’ambiance, lumière, ergonomie).
•    Se préserver des moments de pause et des petits plaisirs.
•    Développer des outils de reporting efficaces, simples et récurrents (tableaux de bord, revue de presse, supports de communication et de partage d’information, compte-rendu d’activité).
•    S’astreindre à des points téléphoniques journaliers.
•    Respecter un cycle (planning horaire) régulier à partager avec son entourage afin que le cadre soit clair et sans équivoque.
•    Faire au moins une activité physique, ou au moins prendre l’air, chaque jour.

 

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